Olympiades des métiers Abilympics : le handicap n'est plus un frein

Soutenus par leurs professeurs ou leurs coachs, parfois leur employeur, tous ces Olympiens en situation de handicap ont vaincu certains préjugés en montrant leurs capacités (ability en anglais), leur ténacité, leur humour. Médaillés olympiques, ils ont fait la fierté des personnes qui les encadrent et ont prouvé qu'ils étaient capables d'assumer un véritable emploi.

Horticulture, art floral, jardinier..., pour la première année, les 44es Olympiades des métiers ont accueilli des candidats Abilympics parmi les valides dans les mêmes épreuves. Même si quelques aménagements ont été accordés, ils ont eu beaucoup de mérite. D'autant que l'une des candidates a été prévenue de son inscription juste quelques semaines avant les finales de Bordeaux (33), et que l'un des participants du tandem paysagiste a eu peu de temps d'entraînement car il a remplacé un inscrit défaillant. Tous ont réussi à finir leur parcours.

Au total, 23 candidats en situation de handicap représentant 6 régions ont concouru dans 14 métiers. S'ils ont participé avec les valides, les palmarès sont toutefois spécifiques.

En art floral, Sylvaine Agator et Claire Pacaud, des Pays de la Loire, ont respectivement obtenu la médaille d'or et celle d'argent, et Thibault Jousse, du Centre-Val de Loire, a décroché le bronze.

Seuls Abilympics à participer dans leur métier, Julie Moreau, en horticulture, pour la région Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi que le tandem Michel Julien et Jérémy Esteves, en paysage, pour la Nouvelle-Aquitaine, ont reçu un titre d'Excellence. À 25 ans, Julie Moreau, en formation horticole, souhaite poursuivre par un bac pro en alternance. Michel Julien, 31 ans, et Jérémy Esteves, 26 ans, sont à l'ESAT de Pessac Alouette (33) et sont titulaires d'un CAP.

Faciliter l'autonomie professionnelle

Ces jeunes ont participé aux Olympiades grâce à Abilympics France (*), une jeune association à but non lucratif. Forte de six années d'expérience, elle milite pour changer l'état d'esprit général et effacer les différences, quels que soient les handicaps, qu'ils soient visibles ou non, psychiques ou physiques. Il s'agit de favoriser « l'inclusion », c'est-à-dire de prouver que l'intégration sociale et surtout professionnelle des personnes est tout à fait possible, avec parfois quelques aménagements. En ligne de mire : faciliter l'autonomie professionnelle et changer le regard du public. C'est ce qui est arrivé à Frédéric, jardinier-paysagiste dans un établissement de service et d'aide par le travail (ESAT). Ex-champion Abilympics, il a obtenu depuis un CDI et « intégré le milieu professionnel ordinaire » aux services techniques de la métropole de Bordeaux.

Les prochaines finales nationales des Olympiades des métiers, à Caen (14), en novembre 2018, devraient à nouveau accueillir des candidats Abilympics. Parallèlement, ces derniers ont leur propre parcours international, tous les quatre ans. Les meilleurs des lauréats nationaux 2017 et 2018 iront en Chine (ou au Canada, la décision n'est pas encore officielle) afin de participer aux 10es championnats mondiaux, des compétitions équivalentes à ce que représentent les jeux paralympiques dans le sport.

Odile Maillard

(*) Basée à Pessac (33). Tél. : 05 47 50 05 57. www.abilympics-france.fr